Le processus d’activation du bemnifosbuvir, médicament initialement mis au point pour traiter l’hépatite C, vient d’être décrypté. L’équipe de recherche à l’origine de ce résultat, menée par des scientifiques du CNRS, lève ainsi de nouveaux verrous pour démultiplier l’efficacité de ce type de médicament face à d’autres virus à ARN, notamment ceux responsables de la Covid-19, de la grippe ou encore de la dengue.
En effet, une fois ingéré sous forme de pilule, le bemnifosbuvir, comme tous les antiviraux de la même famille, nécessite de subir une série de modifications dans les cellules infectées avant d’obtenir la forme qui lui permettra d’inhiber la multiplication du virus4 . Les scientifiques ont ainsi découvert que cette série de modifications est dépendante de cinq enzymes différentes. Grâce à des techniques de cristallographie, ils sont parvenus à décrire à l’échelle atomique la structure tridimensionnelle de ces enzymes et leurs zones d’interaction avec le médicament. Ils ont également identifié le motif chimique du bemnifosbuvir responsable de son efficacité renforcée dans les cellules du foie. Cette découverte ouvre ainsi la voie à une amélioration possible de l’efficacité du médicament dans d’autres organes touchés par l’infection, le poumon dans le cas de la Covid-19 par exemple.
Ce résultat, paru dans PLOS Biology le 27 août, devrait ainsi aboutir à une meilleure maîtrise de la chaîne d’activation du médicament et à la mise au point de déclinaisons plus efficaces contre les différents virus à ARN. Il permettra également de prédire précisément sur quelles familles de virus le médicament sera actif et avec quels antiviraux il sera complémentaire. Grâce à ces nouvelles connaissances les scientifiques pourront également restreindre les essais cliniques aux modèles animaux qui possèdent bien les enzymes nécessaires à l’activation de ce type de médicament.
Bibliographie
The activation cascade of the broad-spectrum antiviral bemnifosbuvir characterized at atomic resolution. Aurélie Chazot, Claire Zimberger, Mikael Feracci, Adel Moussa, Steven Good, Jean-Pierre Sommadossi, Karine Alvarez, François Ferron et Bruno Canard. PLOS Biology, le 27 août 2024.
DOI : https://doi.org/10.1371/journal.pbio.3002743
Bruno Canard
Chercheur du CNRS
François Ferron
Chercheur du CNRS
Aurélie Meilhon
Attachée de presse CNRS
Publié le août 30, 2024